5

La puanteur était incroyable. Aleytys avait de la peine à réfléchir, à faire autre chose que respirer aussi parcimonieusement que possible, bénissant la tendance qu’avait le sens de l’odorat à s’émousser rapidement. Elle rassembla ses forces, domina le tremblement de ses genoux et redressa la tête.

Le maître était une montagne blafarde de chair perchée sur diverses peaux étalées par-dessus une masse spongieuse de fibre végétale quelconque. Aleytys ramena son regard sur le maître en luttant contre son impulsion d’en détourner les yeux.

Il était mâle. Aussi grossièrement mâle qu’il était grossièrement énorme. Aleytys réprima sa tendance à demeurer bouche bée et se contenta de se demander quelle sorte de femme pouvait bien recevoir en elle une telle masse.

À contrecœur, elle leva les yeux sur son visage. Sa tête était démesurée, même par rapport à la masse qui la supportait. S’il se dressait, la tête frôlerait le nœud complexe, clé de voûte de l’armature haute de trois mètres. Il ne doit jamais quitter ce lieu, songea-t-elle. Ahai, Madar ! Ne jamais quitter ce trou ! Elle examina de nouveau son visage, un soupçon de pitié masquant le dégoût qu’il faisait naître en elle.

Il avait une bouche ferme et délicate, voire belle, avec une forte tendance au sourire. Son nez était robuste et droit. Les yeux, cernés de noir et bien formés, étaient d’un blanc laiteux sans iris ni pupille, nettement aveugles, bien qu’il parût conscient de tout ce qui l’entourait. Cette vision sans yeux fit remonter des frissons le long de son échine : c’était la première indication sur la nature du maître de la horde. Si cette créature possédait un pouvoir capable de dévorer le sien… Elle se rappela le diadème et se calma.

Les cheveux étaient d’un blanc très pur, bouclés près de son crâne proéminent. Celui-ci… formait une bosse à partir du beau et doux visage… telle la base d’une poire retournée… les boucles épaisses masquant le côté grotesque de sa forme, mais pas assez. Pas suffisamment.

Le silence se prolongeait. Aleytys refusait de se laisser intimider, que ce fût par ses propres émotions ou l’aura de cet homme.

Une mince silhouette surgit de derrière le maître, agitant un encensoir à la fumée noire et odorante. Marmonnant une incantation gutturale, l’individu effectua un cercle autour d’elle, projetant la fumée sur son visage et son corps. Elle ne broncha point, un sourire méprisant se moquant de ses efforts.

La drogue commença alors à lui troubler la vue, à déformer ses sens. Elle vacilla. Elle lutta pour rester droite. Puis elle rencontra les yeux scintillants du shaman, le visage de fouine enveloppé dans les nuages.

Elle ferma les yeux, chercha le fleuve noir, combattant sa panique tandis que son avance mentale se dissolvait à plusieurs reprises. La terreur était glaciale… paralysante. Elle réussit enfin à former le mandala de paix de Vajd, simple, pur, les triangles disposés en cercle la faisant entrer et sortir de leur centre jusqu’à ce que la terreur batte en retraite, s’évanouisse et disparaisse. Elle rassembla ses forces et sombra dans le mandala, les figures stables à trois pointes voguant à côté d’elle, calmes… lisses… imperturbables…

Quand elle se remit à chercher le fleuve noir, celui-ci jaillit brutalement et la lava de toute la fumée. Elle rejeta sa chevelure en arrière sur ses épaules et éclata d’un rire puissant.

– Je suis gikena !

Affrontant le maître de la horde avec cette nouvelle vision claire, elle constata que la façade de puissance était creuse ; elle recelait une odeur de mort et de pourriture, un stigmate de dépérissement. Est-ce là la raison pour laquelle la horde est en marche ? se demanda-t-elle. Parce que le maître se meurt ? Elle écarta cette pensée pour y revenir plus tard.

– Je suis gikena, répéta-t-elle. (Elle braqua sur lui un regard glacial.) Là-dehors se trouve ce qui m’appartient.

– Tout ce qui est ici est à moi.

Sa voix la surprit par sa beauté sonore. Fermant les yeux, elle voyait un être grand, triomphant et beau. Elle l’affronta avec détermination et frotta ses seins alourdis pour se rappeler la raison de sa présence en ce lieu.

– Non, dit-elle fermement en contrant sa voix par la magie de la sienne. Mon fils ne t’appartient pas. Ma servante ne t’appartient pas. Ma caravane ne t’appartient pas. Comme tout ce qui est sur Lamarchos, maître, tu habites la maison des Lakoe-heai. En leur nom, je t’ordonne de me rendre ce qui est à moi.

Les orbites laiteuses glissèrent sur elle, aveugles mais surnaturellement sagaces.

– Shaman.

Le méchant petit bonhomme se glissa près d’Aleytys, ses yeux se posant haineusement sur elle avant qu’il se tourne face à son maître.

– Qu’est-il arrivé à la feuille de gahane, shaman ?

La voix merveilleuse fouetta la petite créature, qui se recroquevilla. Aleytys ferma les yeux et se laissa aller au charme de la voix du maître. Il reprit la parole, aussi sèchement.

– Est-elle ce qu’elle prétend être ?

Elle entendit bruire les végétaux et rouvrit les yeux. Le maître dominait de sa masse le petit shaman, telle une vague menaçant un rivage.

– Je ne puis le dire si tôt, gémit la misérable créature. Il faut la mettre à l’épreuve.

– Comment ?

Grognant sous l’effort qu’il venait de produire, le maître reprit sa position initiale tandis que ses yeux commençaient à s’éclairer en même temps qu’ils examinaient la mince silhouette d’Aleytys.

Le shaman regarda Aleytys par-dessus son épaule. On ne pouvait se méprendre sur la lueur qui habitait ces yeux-là. Il avait envie de la voir morte, de préférence après de multiples souffrances.

– Les gikena seraient guérisseuses, maître.

– Pourrait-elle guérir quelqu’un né sourd ?

Un vacillement aigu pointa dans la voix et fit frémir Aleytys.

– S’il s’agit d’une vraie gikena.

– Peux-tu faire entendre les sourds ? (Aleytys perçut un frémissement d’inquiétude dans le visage du maître.)

Elle haussa les épaules.

– Je ne l’ai jamais fait.

– Tu as échoué ?

– Non. Je n’ai jamais eu à le faire.

– Tu vas essayer maintenant. Et tu as intérêt à réussir si tu désires vivre. (Ses mains énormes frappèrent ses grosses cuisses.) Amène le jeune Ramaikh. (Comme le shaman se dirigeait vers l’entrée, il lança :) – Attends !

Le petit homme s’agita avec impatience, les doigts manipulant le rabat.

– Que les gardes aillent chercher la femme et l’enfant qui m’ont été amenés ce matin.

– Maître, est-ce bien sage ?

– Que sais-tu de la sagesse, vipère ? (Un rire gargantuesque emplit la tente, tonitruant et pourtant teinté de ce soupçon d’hystérie qui continuait d’intriguer Aleytys.) File ! hurla-t-il, et cet éclat éjecta littéralement de la tente le petit bonhomme.

Aleytys s’assit sur un tas de peaux.

– Ai-je dit que tu pouvais t’asseoir, femme ?

– Dois-je attendre le bon plaisir de n’importe quel homme pour faire ce que bon me semble ? (Elle exprima son mépris en riant, rejetant la tête en arrière pour affirmer son indépendance.) Là. Une question qui répond à une autre question.

Un intérêt véritable se peignit sur le visage de l’homme tandis que la scrutaient ses yeux.

– Tu oublies la place qui est la tienne, femme. (Il appuya sur ce dernier mot pour lui rappeler son statut en ce monde d’hommes qu’était Lamarchos.)

– La place qui est mienne est celle que j’ai la force de prendre.

– Tu parles étrangement. Où as-tu trouvé ces pensées peu naturelles ?

– Je dis ce que ressentent bien des femmes. Seulement, étant ce que je suis, j’ai le pouvoir d’agir et non seulement de ressentir. Je n’ai nul besoin de me prouver ce que je suis. C’est à toi que je dois le prouver.

Il grogna puis retomba dans le silence. Aleytys profita de cette accalmie pour se demander s’il avait été fabriqué ou conçu. Fabriqué ? Conçu ?

Le shaman fit avancer devant lui un garçon grand et mince. Il se redressa et se tint calmement face au maître. La ressemblance était frappante entre les deux. Mais le crâne du garçon était normal et le corps celui d’un athlète nerveux. Il s’écarta du shaman et s’agenouilla devant le maître, sa tête allant toucher le sol.

– Ceci est mon fils Ramaikh. Je l’ai protégé jusqu’à aujourd’hui du sort réservé à ceux qui sont mutilés. Me comprends-tu, femme ?

– Oui.

– Tu vas le guérir. Telle est ton épreuve, gikena.

– Même s’il était autre, je le ferais, dit-elle fièrement. C’est ma nature de guérir.

– Que faisons-nous ?

– Fais-lui comprendre qu’il doit poser sa tête ici. (Elle plaça les mains sur ses genoux.) Et rester immobile quand je le toucherai.

– Montre au gamin.

La bouche pincée, le shaman conduisit le garçon jusqu’à Aleytys et l’installa selon ses instructions. Lorsqu’elle le toucha, il broncha puis ne bougea plus.

Aleytys posa les mains sur les tempes et les caressa doucement jusqu’à ce qu’il se détende. Elle sourit chaleureusement, envahie par un sentiment de tendresse maternelle, et mit les mains en coupe autour de la tête. Le pouvoir la traversa. Sans savoir vraiment de quoi il s’agissait, elle vit l’os qui bouchait les oreilles, sentit les nerfs morts. Sous le flot noir, l’os fondit, les extrémités nerveuses reprirent vie comme des racines sèches. Quand ce fut terminé, elle se libéra du fleuve noir et ôta les mains de la tête du garçon. Elle leva les yeux et rencontra le regard du maître.

– Eh bien ? (Une interrogation tonitruante.)

Le garçon sursauta et porta brusquement les mains à ses oreilles, le visage déformé par la peur.

– Comme tu peux le voir, il entend. Je suggère que tu le tiennes à l’écart de tous en attendant qu’il apprenne à utiliser ce nouveau sens. Je suppose qu’il faudra également lui apprendre à parler. (Elle se frotta le front avec lassitude.) Tu avais ordonné la venue de la femme et de l’enfant…

Le maître tourna son énorme tête vers le shaman.

– Où ?

– Dehors.

– Fais-les entrer.

À ces paroles, Aleytys sentit faiblir son corps et faillit s’évanouir. Elle serra les poings, redressa le dos et fixa l’entrée de tout son être.

Maissa entra en courant, titubant, poussée par un garde. Elle se redressa devant le maître, le regard plus fou que jamais, brillant d’une haine dépassant toute raison. Elle se tenait avec une maladresse inhabituelle. Aleytys la regarda puis posa les yeux sur le maître et comprit. Maissa était si menue… Il avait… ahai, il avait dû presque l’écarteler, la fendre en deux…

Deux autres gardes arrivèrent derrière Maissa. L’un tenait dans un ballot une petite forme qui se tortillait et pleurait.

– Sharl. (Aleytys bondit, les mains tendues vers son fils).

Maissa hurla et se jeta devant Aleytys, les doigts griffus.

Le deuxième garde assena un coup de botte à la petite femme et lui fit franchir en beuglant la moitié de la tente. Puis il donna un coup de coude dans l’estomac d’Aleytys et la fit retomber sur la pile de cuirs. Elle émit un halètement et s’efforça de retrouver son souffle.

Le maître considéra Maissa en fronçant les sourcils.

– Toi, vipère noire, si tu bouges de là le garde t’embrochera.

L’homme souriant vint se placer derrière Maissa. Du sang commençait à couler sur son batik, se répandant comme une fleur qui s’épanouit lentement. Aleytys se remit péniblement sur ses pieds.

– Rassieds-toi, gikena. Ou le garde te plaquera au sol.

Aleytys regarda avec angoisse son bébé puis Maissa.

– Laisse-moi la guérir. L’hémorragie…

– Cette femme a bien trop de sang en elle. Que le surplus s’échappe. Tu prétends que l’enfant est tien ?

– Oui. C’est mon fils.

– Comment s’en est-elle emparée ?

– Elle est ma servante. Elle m’a volé le bébé. Pendant que je dormais.

– Pourquoi cela ?

– Je sais qu’elle est folle.

– Hunh. Qu’as-tu à dire, serpent noir ?

– Elle ment. (La voix de Maissa était froide et posée. Elle eut un sourire suave, s’assit et essuya les fragments d’herbe pourrie collés à ses épaules.) Elle est stérile et a essayé de me voler mon enfant. J’ai eu peur et me suis enfuie.

– Cela arrive. Qu’as-tu à répondre à cela, gikena ?

– L’enfant est mien. (Elle foudroya Maissa du regard.) Je doute qu’elle en ait jamais eu un seul.

– Si ma décision est en ta faveur, petite, que veux-tu que je fasse de la gikena ?

– Tue-la. Elle est dangereuse tant qu’elle demeure en vie. (Maissa lui sourit, puis fit glisser ses mains sur son joli corps en un geste de brutale invite.)

– Et si je devais me décider en ta faveur, gikena ?

Aleytys le regarda, puis posa les yeux sur Maissa et de nouveau sur lui.

– Rends-la-moi. Elle est ma servante. Qu’elle me serve.

– Si elle devait te tuer, que vaudraient ses services ?

– Elle n’oserait pas. On ne me tue pas facilement, maître. (Elle projeta son dédain vers lui.) Et je ne donne pas aisément ma confiance une fois qu’elle a été trahie.

– Viens ici.

Aleytys se rapprocha en s’efforçant d’ignorer la pestilence d’urine, de transpiration et de crasse accumulées depuis des années sous ce corps.

– Plus près.

Elle grimpa sur le cuir et s’agenouilla près de lui.

Une main épaisse se referma sur son épaule et l’attira contre lui. Il se pencha et prit son mamelon entre ses lèvres. Sa langue lécha brièvement le bout, puis il commença à téter le lait de son sein.

Aleytys ferma les yeux, luttant pour réprimer son dégoût.

Il lécha encore le sein, s’attaqua ensuite à l’autre, puis la repoussa rapidement sur le lit.

– Naine, tes mamelles sont aussi sèches qu’un puits vide alors que celles-ci sont gorgées de lait. L’enfant lui appartient.

Il ferma les yeux et sa main s’abaissa pour palper ses parties, un sourire apparaissant sur son visage. Aleytys le regarda puis ravala une nouvelle boule née dans sa gorge. Elle se mit à trembler tandis que l’appréhension la paralysait.

Tout en continuant de se caresser, les paupières baissées sur ses yeux étranges, le maître énonça lentement :

– Emportez la naine, attachez-la pour qu’elle ne quitte pas le chariot noir. Emportez aussi le bébé. Remettez-le dans la caravane. Vous autres, sortez. Mais pas toi, femme.

Sa main se referma sur l’épaule d’Aleytys.

Le sang coulant le long de ses cuisses, Maissa trouva avant de sortir la force d’adresser à Aleytys un regard mauvais. Aleytys l’entendit rire d’une voix aiguë tandis que les gardes la faisaient avancer.

Aleytys tenta de repousser les énormes mains.

– Je suis gikena. Non !

Avec un souffle rauque, les mains tremblantes, le visage convulsé, il feignit d’ignorer ses protestations et l’attira sur ses genoux.

Lamarchos
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